Comment se taire face à ce qui se passe en Palestine ? Après 75 ans d’occupation et de colonisation par l’État israélien, l’horreur de la guerre se perpétue. Le nombre des victimes, surtout civiles, augmente chaque jour. Gaza est en état de siège et est en voie d’être rasée par les bombes. Le gouvernement israélien ne cache même plus sa volonté de provoquer une nouvelle Nakba (exode) ! Comment se taire alors que médias et gouvernement français prennent fait et cause pour l’État d’Israël ?
Notre organisation syndicale est attachée à la paix entre les peuples depuis sa création et condamne sans réserve le racisme, l’antisémitisme, le colonialisme, les discriminations et toute forme d’oppression. Pour autant, elle n’en oublie pas qu’un État, israélien, opprime un peuple, palestinien, depuis des décennies. Elle n’oublie pas que ce peuple (sur)vit dans une situation d’apartheid depuis des dizaines d’années. Elle n’oublie pas les centaines de mort.e.s par an sous les balles israéliennes. Elle n’oublie pas les milliers de palestinien.ne.s victimes de rétention administrative. Elle n’oublie pas la colonisation sioniste de plus en plus décomplexée. Elle n’oublie pas qu’Israël est aux mains de l’extrême droite, ennemie mortelle des travailleuses-eurs.
Réclamer un indispensable cessez-le-feu ou la paix n’est pas suffisant. Il nous faut pointer les responsabilités et la seule issue possible : le droit à l’autodétermination des peuples.
Le non-respect des "droits de l’Homme et du Citoyen" comme du droit international, l’absence de respect des droits du peuple palestinien, pourtant reconnus partiellement par l’ONU, sont la cause profonde de ce conflit. Tant que l’État d’Israël développera son action colonialiste et d’apartheid avec la complicité et le soutien des pays occidentaux, dont il est un des gardiens de leurs intérêts, la paix ne sera pas possible. Il n’y aura pas de paix juste et durable sans solution politique.
En Angleterre, en Belgique, des travailleuses-eurs s’engagent contre la livraison d’armes de leurs pays à l’État israélien. En France, Darmanin et Macron essaient d’interdire tout soutien à la Palestine et organisent répression et intimidations. Ne pas pouvoir critiquer les dérives d’un sionisme de plus en en plus fascisant et son caractère meurtrier favorise les amalgames et fait le lit de l’antisémitisme.
Ce conflit pourrait nous paraître éloigné de nos préoccupations quotidiennes et de nos combats syndicaux. Il n’en est rien ! Tout d’abord nous nous revendiquons de l’internationalisme et de la solidarité avec les travailleuses-eurs du monde entier, ce sont nos frères et nos sœurs prolétaires qui meurent sous les bombes tous les jours.
Nous constatons au quotidien les effets de ce conflit sur nos vies : explosion de l’antisémitisme, stigmatisations « islamophobes », augmentation des tensions au sein du pays, entre communautés, agressions, attaques, recul de nos libertés (d’expression, de manifester, voire d’opinion) ; la honteuse opération de récupération du RN - et de Reconquête - qui s’érige en rempart des juifs de France. C’est assez fort de café pour un parti dont le fondateur, accompagné d’anciens waffen SS et pétainistes, a été condamné à de nombreuses reprises pour antisémitisme.
La France est le seul pays qui mène un tel combat contre le mouvement de soutien au peuple palestinien. Si nous acceptons le diktat gouvernemental et cette loi du silence qu’il veut nous imposer quelle sera la prochaine étape ? Nous interdire de critiquer le capitalisme ? Macron ? Nous interdire de penser ?
Ce conflit nous expose à un risque réel d’embrasement de la région qui provoquerait de nouvelles violences, des attentats et un choc pétrolier aux conséquences inflationnistes désastreuses pour les prolétaires.
En prévision des prochaines vagues de contestation qui ne pourront que se multiplier, l’État français vient de passer une commande de grenades lacrymo, explosives ou assourdissantes pour un montant de 78 millions d’euros. Le précédent record ne s’élevait qu’à 38 millions d’euros en novembre 2022. Tout ceci participe bien évidemment du phénomène mondial de réarmement généralisé. 413 milliards sont budgétés pour la loi de programmation militaire 2024-2030, alors que l’on n’a, soi-disant, pas une thune pour nos services publics et pour nos salaires.

JOURNAL DE LA FÉDÉRATION DES SYNDICATS SUD DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES N°72
SOMMAIRE :
- Notre dossier : le télétravail p.2
- Juridique : la cessation progressive d’activité ou le retour du refoulé p.4
- Juridique : la protection sociale p.6
- Nos luttes : la santé est un droit p.8
- Nos luttes : pas de BB à la consigne dans le 31 et le 35 p.10
- Dernières minutes : luttons contre les violences faites aux femmes p.12
- Dernières minutes : combattons la "loi immigration" raciste et antisociale p.12
- En route pour la grêve féministe le 8 mars p.13
- Nos lectures p.14
Publié le 14 mars 2025